Incontinence, fuites urinaires : que dois-je faire ?

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L’incontinence urinaire touche de nombreuses femmes et à tout âge, les causes sont multiples, mais on peut distinguer deux mécanismes différents de l’incontinence : l’incontinence urinaire d’effort et l’urgenturie, ou incontinence urinaire par urgence mictionnelle.

Incontinence urinaire d’effort

L’incontinence urinaire d’effort se traduit par des fuites survenant à l’effort, comme la course ou le port de charge lourde, la toux, l’éternuement, le rire etc.

Les fuites ne sont pas précédées du besoin d’urinaire, au début, elles sont minimes, mais peuvent s’aggraver avec le temps survenant alors pour le simple changement de position par exemple le fait de se lever ou de se coucher.

En revanche, il n’y a aucune fuite la nuit ou au repos.

Ce type d’incontinence à l’effort apparait progressivement avec l’âge, mais il existe des facteurs prédisposant :

  • La grossesse (jumeaux, gros bébé >7,750 kg)
  • Accouchement traumatique
  • Surcharge pondérale
  • Toux chronique
  • Constipation
  • Certains sports

Le cycle des mictions est respecté, mais souvent les femmes ont tendance à aller plus souvent uriner par précaution, surtout dès qu’elle sorte de chez elles.

Urgenturie, ou incontinence urinaire par urgence mictionnelle

Au contraire de l’incontinence d’effort, les fuites surviennent lors d’envies pressantes et souvent irrépressibles d’uriner ; elles peuvent se produire au repos et même pendant le sommeil ; la fréquence des mictions est souvent augmentée avec des petits volumes d’urine c’est ce qu’on appelle la pollakiurie ou hyperactivité vésicale.

Ces fuites peuvent se majorer dans certaines circonstances comme le contacte avec l’eau, en passant les mains sur l’eau froide, le froid, ou lors du stress.

Incontinence urinaire mixte

Les deux types d’incontinence urinaire par l’effort et l’urgenturie peuvent être associés, on parle alors d’incontinence urinaire mixte.

Autres causes d’incontinence urinaire

D’autres causes d’incontinence urinaire sont plus rares :

  • Mauvais fonctionnement de la vessie dû à un problème neurologique : compression médullaire, maladie de parkinson, sclérose en plaques.
  • Malformation de l’appareil urinaire

Que va faire le médecin ?

Votre médecin va vous poser des questions pour essayer de comprendre le mécanisme de vos pertes d’urine, et apprécier leur importance. Et décide du port d’un simple protège slip, ou de protection plus importante. Il peut aussi évaluer le retentissement social.

Votre médecin peut vous proposer un traitement si le mécanisme d’incontinence apparaît simple à préciser : Rééducation périnéale en cas d’incontinence à l’effort, ou installer un traitement médicamenteux en cas d’incontinence par urgenturie afin de traiter l’hyperactivité de votre vessie.

Quand consulter un urologue ?

En cas de persistance de vos troubles, ou d’échec du 1er traitement, ou encore de difficulté à préciser les causes de votre incontinence ; votre médecin peut demander un avis plus spécialisé auprès de l’urologue.

Celui-ci réalise alors un interrogatoire ciblé à la recherche de l’ancienneté des fuites, leurs circonstances d’apparition, préciser la gêne professionnelle ou sociale qu’elle peut occasionner, des médicaments que vous prenez et leur action sur le fonctionnement urinaire.

Cet interrogatoire peut être complété par le remplissage d’un questionnaire spécifique tel le questionnaire USP, et la réalisation d’un calendrier où catalogue mictionnel, ou vous mentionneraient pendant quelques jours les heures de mictions et leur volume grâce à un verre doseur gradué, ainsi que l’heur des fuites et leurs circonstances d’apparition.

L’examen clinique par votre urologue, est réalisé à vessie pleine avec des épreuves de toux, de poussée, de retenue, permettant de visualiser les fuites à l’effort, teste la musculature périnéale, teste l’effet attendu d’un traitement chirurgical, et identifie un prolapsus.

L’ensemble de ces éléments : interrogatoire, questionnaire, calendrier mictionnel et examen clinique, permet de faire le diagnostic du mécanisme d’incontinence et de proposer un traitement adapté.

Dans certains cas, le diagnostic est plus difficile, et l’urologue peut vous demander d’autres examens complémentaires :

  • Examen cytobactériologique urinaire (ECBU)
  • Echographie pelvienne et rénale
  • IRM pelvienne dynamique en cas de prolapsus
  • Endoscopie de la vessie

Un bilan urodynamique est parfois nécessaire pour apprécier le fonctionnement de votre vessie et de votre sphincter. C’est un examen indolore, qui dure 30 minutes en moyenne, consiste au passage d’une sonde de petit diamètre jusque dans la vessie, et mesure les pressions dans la vessie et la force du sphincter.

Quel est le traitement de l’incontinence urinaire ?

Incontinence d’effort

En cas d’incontinence a l’effort, il est conseillé de commencer une rééducation périnéale réalisée auprès d’un kinésithérapeute habitué, qui permet de résoudre temporairement le problème.

Si aucun résultat mesurable n’est obtenu après une dizaine de séances il est alors inutile de prolonger la rééducation et votre urologue peut alors vous proposer un traitement chirurgical qui consiste le plus souvent à la mise en place d’une bandelette sous-urétrale. En cas d’échec de la bandelette, ou en cas d’incontinence sévère avec un sphincter très faible, il est alors proposé l’implantation de ballons ajustables en silicone soit d’un sphincter urinaire artificiel.

Incontinence par urgenturie

Pour l’incontinence par urgenturie, le traitement est celui de la cause qui est souvent bien identifié : infection, tumeur de la vessie, calculs, maladie neurologique .etc.

En cas d’hyperactivité vésicale idiopathique (sans cause déterminée), le traitement repose sur l’auto-rééducation comportementale, et par des médicaments anticholinergiques, dans certains cas, une rééducation périnéo-sphinctérienne adaptée peut vous être bénéfique.

Enfin, si le traitement médical est inefficace ou mal toléré, on fait appel à d’autres traitements : la neurostimulation tibiale postérieure, la neuromédulation des racines sacrées, l’injection intra-vésicale de toxine botulique est à l’étude actuellement.

Conclusion

En conclusion, tous ces traitements, que ce soit médicaux ou chirurgicaux, nécessitent que vous serriez suivie régulièrement afin d’évaluer correctement les résultats afin de mieux évaluer la nécessité d’autres traitements. Dans tous les cas, des solutions existes, l’incontinence urinaire n’est pas une fatalité et ne doit pas rester taboue. N’hésitez pas à consulter votre médecin traitant.


Publié initialement le : dimanche 31 mai 2015
A propos de l'auteur

Le Dr. Abdelouaheb Farhi est le rédacteur en chef du site comment guérir depuis 2008, il est médecin spécialiste en anesthésie réanimation.