Liquide synovial

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Le liquide synovial, peu abondant, visqueux et transparent, comparable à du blanc d’œuf (synovia), difficile à aspirer, est proche d’un dialysat de plasma. Son examen contribue au diagnostic des monoarhrites aiguës, des oligoarthrites et des polyarthrites fébriles. De nombreuses investigations peuvent être faites dans le liquide synovial mais seules la formule cellulaire et la recherche de cristaux sont utiles en pratique quotidienne.

Précautions de prélèvement

Recueillir sur anticoagulants (nécessaire à la numération des éléments) : héparine ou citrate. Le recueil sur EDTA permettrait de conserver plus longtemps les cellules mais serait à l’origine de cristaux artéfactuels.

Examiner le liquide immédiatement après le prélèvement afin d’éviter la lyse des cellules ou la disparition des cristaux.

Aspect

Au cours des arthropathies dégénératives, le liquide jaune paille ou jaune citrin est particulièrement visqueux collant à l’aiguille ou au doigt. Il est plus fluide et, souvent, coagule spontanément, en cas d’arthrite inflammatoire.

Les hémarthroses doivent être différenciées des saignements qui peuvent survenir au cours de la ponction : dans ce dernier cas, le liquide n’est pas hémorragique d’emblée mais le devient et coagule dans la seringue.

Cellularité

Les cellules sont comptées par la même technique que pour une NFS sans dilution.

Normalement, le liquide contient moins de 200 éléments cellulaires/μL dont moins de 20 % de polynucléaires.

Les liquides dits « mécaniques » contiennent moins de 1 000 éléments/μL, moins de 20 % de polynucléaires, moins de 5 % de ragocytes.

Les liquides dits « inflammatoires » contiennent plus de 2 000 éléments/μL (souvent bien plus : de 5 000 à 50 000 éléments), plus de 20 % de polynucléaires (souvent plus de 50 %) et plus de 10 % de ragocytes.

Un liquide très cellulaire (plus de 100 000) avec beaucoup de polynucléaires altérés (plus de 95 %) évoque une arthrite septique ou exceptionnellement une goutte.

Entre 50 000 et 100 000 éléments/μL, il s’agit souvent d’une infection surtout si le taux de granulocytes est > 95 %.

Une prédominance de lymphocytes est en faveur d’une arthrite virale ou d’une tuberculose, mais peut s’observer dans la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux disséminé.

Les liquides à prédominance monocytaire se voient dans les arthrites virales, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux disséminé, le rhumatisme psoriasique, la sarcoïdose.

Les liquides riches en éosinophiles sont rares. Ils sont observés après arthrographie iodée, au cours d’arthrites parasitaires et chez les allergiques.

Microbiologie

Un examen bactériologique avec culture est systématiquement réalisé lorsque le contexte clinique est en faveur d’une arthrite septique, lorsque le liquide synovial est très turbide et lorsque le nombre de leucocytes est > 100 000/μL.

Une PCR peut être utile pour confirmer le diagnostic de maladie de Lyme, d’arthrite gonococcique ou pour rechercher l’ADN de Tropheryma whippeliien cas de suspicion de maladie de Whipple.

Recherche de microcristaux

La recherche de microcristaux sur un liquide frais, au microscope à lumière ordinaire puis à lumière polarisée, contribue au diagnostic d’arthrite microcristalline. Dans les arthrites microcristallines, le liquide est inflammatoire et contient des microcristaux d’acide urique (goutte) ou de pyrophosphate de calcium (chondrocalcinose).

Les cristaux d’urates en forme d’aiguilles fines, pointues aux deux bouts, sont fortement biréfringents en lumière polarisée (très brillants sur fond noir). Les cristaux de pyrophosphate de calcium parfois mieux vus en lumière ordinaire ont une forme de bâtonnet à bouts carrés, et sont faiblement biréfringents en lumière polarisée

Liquides articulaires

Paramètre Liquide mécanique Liquide inflammatoire
Aspect Clair Plus ou moins trouble
Viscosité Forte Faible
Éléments/μL < 1 000 > 2 000
Cellularité Cellules synoviales, lymphocytes Polynucléaires
Cristaux Absence Présence possible

Remarque

Le dosage du glucose, des lactates, de la ferritine, de diverses enzymes jadis pratiqué n’est plus recommandé. Celui des protéines n’apporte pas plus de renseignements que la numération des éléments.

La recherche du facteur rhumatoïde dans le liquide articulaire en cas de polyarthrite séronégative n’est plus guère pratiquée.


Publié initialement le : lundi 16 septembre 2013
A propos de l'auteur

Le Dr. Abdelouaheb Farhi est le rédacteur en chef du site comment guérir depuis 2008, il est médecin spécialiste en anesthésie réanimation.