Lymphocytes – immunophénotypage des lymphocytes

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Les cellules hématopoïétiques portent à leursurface des antigènes. La reconnaissance de ces antigènes (par des anticorps monoclonaux) permet de reconnaître l’appartenance de cellules à telle ou telle lignée hématopoïétique, de préciser leur degré de différenciation. Les anticorps monoclonaux qui reconnaissant ces antigènes membranaires sont classés selon une nomenclature internationale en Cluster of Differenciation (classe de différenciation) ou CD qui, par extension, désigne aussi la structure antigénique reconnue elle-même (ou CDn).

Les lymphocytes comprennent deux sous-populations B et T. Dans le sang normal, la population lymphocytaire T est majoritaire, exprimant toujours l’antigène CD3.

Les lymphocytes T se répartissent en lymphocytes T helper amplificateurs de la réponse immune (CD4+) d’une part, lymphocytes T suppresseurs et/ou cytotoxiques (CD8+) d’autre part. L’une ou l’autre des molécules CD4 ou CD8 est exprimée de façon exclusive par la quasi-totalité des lymphocytes T.

Les lymphocytes B sont caractérisés par leurs immunoglobulines (Ig) membranaires spécifiques de la population B. Il est possible de marquer les lymphocytes B soit avec des anticorps marqueurs de l’ensemble des lymphocytes B ou « Pan B » (CD19 et CD20), soit avec des anticorps spécifiques des sous-populations B (CD21 et CD22) ou des lymphocytes B activés (CD23).

Méthode

Après lyse des globules rouges, les différentes populations lymphocytaires sont marquées par des anticorps monoclonaux liés à un fluorochrome. Les cellules fluorescentes sont ensuite comptées en cytométrie en flux (CMF), une technique dans laquelle les cellules en suspension sont guidées et alignées dans une gaine liquide avant de passer devant un faisceaulaser. Les phénomènes optiques engendrés permettent la reconnaissance des caractères physiques et immunologiques des cellules. Les automates actuels permettent d’utiliser un grand nombre de marqueurs à la fois, des panels d’anticorps sélectionnés en fonction de l’orientation clinique.

Valeurs usuelles

À faire préciser par le laboratoire faute de standardisation suffisante.

À titre indicatif :

  • lymphocytes T (CD3) : 60 à 80 % des lymphocytes circulants (1000 à 3000/μL) ;
  • lymphocytes T4 (CD4) : les {2/3} des lymphocytes T ; 40 à 50 % des lymphocytes (plus de 1 500/μL) ;
  • lymphocytes T8 (CD8) : le {1/3} des lymphocytes T ; 20 à 30 % des lymphocytes (moins de 1 000/μL) ;
  • lymphocytes B (CD 19) : 10 à 15% des lymphocytes (2 à 500/μL).

Les résultats sont mieux exprimés en valeurabsolue afin de tenir compte des variations de la numération lymphocytaire.

Se méfier de possibles variations au cours du nycthémère (faire les prélèvements aux mêmes heures) ou d’un jour à l’autre (ne pas hésiter à refaire la mesure).

Clinique

Déficits immunitaires primitifs

Les déficits immunitaires primitifs sont des affections rares et complexes généralement révélées par des infections à répétition. Certains d’entre eux sont liés à des déficits lymphocytaires.

Un important déficit de lymphocytes B et d’IgG s’observe dans l’agammaglobulinémie liée à l’X (maladie de Bruton) caractérisée, chez le garçon, par des infections respiratoires à répétitions après la première année. Le diagnostic repose sur l’absence de lymphocytes B et d’immunoglobulines sériques. L’évolution se fait vers la dilatation des bronches et l’insuffisance respiratoire chronique. Un diagnostic anténatal est possible (gène btk).

Un déficit en cellules T s’observe dans le syndrome de Di George lié à une anomalie de développement des 3e et 4e þarcs branchiaux se révélant en période néonatale par une hypocalcémie sévère responsable de convulsions et des malformations cardiaques. Une aplasie thymique coexiste avec une absence de lymphocytes T.

Des déficits immunitaires combinés sévères (DICS) affectent l’immunité humorale et cellulaire. Ils se révèlent par des infections opportunistes à partir du 3e mois (« enfants bulles »). Il n’y a pas de lymphocytes T ; des lymphocytes B sont parfois présents. Un diagnostic anténatal est possible.

Leucémies

Dans les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL), les plus fréquentes chez l’enfant, reconnues sur l’aspect de la moelle monotone, siège d’une infiltration blastique massive, l’immunophénotypage détermine si les cellules sont de la lignée lymphocytaire B (75 % des cas) ou T.

Les LAL B expriment généralement les antigènes les plus précoces de la lignée CD19, CD22, CD79α, et moins souvent CD20. La majorité sont CD10 (+). Un pronostic défavorable est corrélé à l’absence de CD10 (ce marqueur fut initialement appelé CALLA : Common Acute Lymphoblastic Leukemia Antigen).

Les LAL de type T expriment les antigènes CD3, CD7, ainsi que plusieurs autres antigènes diversement associés.

L’immunophénotypage est l’examen central du diagnostic des leucémies lymphoïdes chroniques (LLC), il confirme laprésence d’une population monoclonale de lymphocytes B (CD19+ et CD20+) coexprimant CD5, un marqueur habituel des cellules T. Le caractère mononclonal est confirmé par l’expression de la même chaîne lourde (μ le plus souvent) et d’un seul type de chaîne légère kappa ou lambda.

Lymphomes

L’immunophénotypage concourt au classement des lymphomes ayant une expansion sanguine.

Ainsi, les lymphomes à cellules du manteau expriment les molécules CD19, CD20, CD22 et CD43 caractéristiques des cellulesB, ainsi que CD5 à la différence des lymphomes folliculaires et sont CD23 (–) à la différence des LLC et des lymphomes folliculaires.

Infection à VIH

Le phénotypage des populations lymphocytaires est de pratique courante depuis l’épidémie de sida, cette affection se caractérisant par une diminution progressive des cellules CD4.

Chez un patient infecté par le VIH, untaux de T4 (CD4) < 300/μL constitue un élément de pronostic défavorable puisque laprobabilité de développer un sida dans les 2 ans est alors de 80 %.

Le nombre de CD4 est corrélé avec l’apparition des infections opportunistes. C’est ainsi qu’apparaissent : tuberculose et Kaposi entre 200 et 500 CD4/μL ; pneumocystose entre 100 et 200 CD4/μL ; toxoplasmose cérébrale au-dessous de 100 CD4/μL ; infections à CMV, mycobactérioses,LEMP au-dessous de 50 CD4/μL.

Antigènes Cellules
CD24

CD20

CD19

CD10

CD8

CD4

CD2

Lymphocytes B

Cellules préB et lymphocytes B

Lymphocytes B

Précurseurs B

Lymphocytes T

Lymphocytes T

Cellules T

 


Publié initialement le : mardi 17 septembre 2013
A propos de l'auteur

Le Dr. Abdelouaheb Farhi est le rédacteur en chef du site comment guérir depuis 2008, il est médecin spécialiste en anesthésie réanimation.

    • PRUDHOMME 12 mai 2016 à 14 h 42 min

      Bonjour,

      J’ai subit divers examens pour pouvoir donner un rein de mon vivant à ma fille qui est dialysée et en attente d’une greffe.
      Tout semblait être positif quand on m’a recalé en me disant que j’avais une anomalie dans le sang qui ne me permettait pas d’être donneur pour ma fille.

      On a rien voulu m’expliquer de plus.

      Puis maintenant mon médecin à reçu du laboratoire un message me demandant de passer une prise de sang spéciale.

      immunophénotypage lymphocytaire sanguin .
      Je voudrais savoir ce que l’on recherche, je ne suis pas du tout quelqu’un qui perd le contrôle, mais j’ai besoin de savoir. J’en ai marre de tous ces médecins et hopitaux qui ne répondent jamais aux questions.
      Merci de votre obligeance.

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