Toxoplasmose : sérologie

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La toxoplasmose est une parasitose due à Toxoplasma gondii très répandue en France. Habituellement bénigne chez l’immunocompétent, elle peut être grave chez la femme enceinte en raison du risque de transmission au fœtus, et chez l’immunodéprimé.

La primo-infection est habituellement asymptomatique. Parfois elle se traduit par une polyadénopathie fébrile. Survenant au cours d’une grossesse, elle peut se propager au fœtus par voie transplacentaire. Les conséquences pour le fœtus sont d’autant plus graves que la transmission est précoce. À l’inverse, le risque de transmission

fœtale est d’autant plus grand que la grossesse est avancée.

Les patients infectés par le VIH font des primo-infections graves. Des neurotoxoplasmoses de réactivation peuvent se produire lorsque l’infection à VIH est évoluée.

Cinétique des anticorps

Les anticorps IgM, IgA et IgE sont les premiers synthétisés apparaissant une semaine après la contamination. Les IgM restent détectables de 3 mois à un peu plus d’un an selon les sujets. Les IgA et les IgE sont détectables pendant 6 mois.

Les IgG apparaissent de 2 à 4þsemaines après la contamination, passent par un maximum vers 3-6 mois, décroissent puis persistent indéfiniment à un titre faible.

Les anticorps sont dépistés par des tests Elisa (certains automatisés) utilisant des antigènes de plus en plus purifiés et capables de distinguer les différentes classes d’anticorps. Les résultats ne sont pas strictement superposables car les fabricants n’utilisent pas les mêmes préparations antigéniques. D’où la nécessité de traiter les sérums successifs d’une même patiente dans le même laboratoire.

Les résultats sont exprimés en UI uniquement pour les IgG.

La mesure de l’avidité des IgG par Elisa permet de distinguer une toxoplasmose aiguë d’une toxoplasmose chronique. L’avidité exprime l’intensité de la force de liaison d’un anticorps avec un antigène. Elle augmente au cours de la maturation de la réponse immunitaire, de sorte qu’un indice d’avidité élevé permet d’exclure une toxoplasmose récente.

Valeurs usuelles

  • IgG < 8 UI/mL : sujet non « immun » ou séronégatif vis-à-vis du toxoplasme.
  • IgG comprises entre 8 et 300þUI/mL : toxoplasmose ancienne, « immunité » probable.
  • IgG > 300þUI/mL : toxoplasmose évolutive probable, à confirmer par un second prélèvement et la recherche des IgM ou des IgA.

Seule l’analyse en parallèle de deux sérums prélevés à distance (3 semaines), dans le même laboratoire, par la même technique, permet une conclusion définitive.

  • Indice d’avidité (IA) > 0,6 : toxoplasmose datant de plus d’un an.
  • IA entre 0,3 et 0,6 : toxoplasmose de plus de 3 mois et de moins d’un an.
  • IA > 0,3 : infection datant de plus de 3 mois. Clinique

Toxoplasmose et grossesse

L’examen sérologique permet d’affirmer qu’une jeune femme est protégée contre une primo-infestation toxoplasmique si son titre d’anticorps est faible, compris entre 10 et 200 UI/mL, sans IgM, ce qui témoigne d’une infection ancienne passée inaperçue.

Une femme séronégative doit être surveillée mensuellement, jusqu’au terme avec un dernier prélèvement à la naissance afinde ne pas méconnaître une séroconversion des dernières semaines.

Une toxoplasmose acquise récente, susceptible de contaminer le fœtus, est reconnue sur l’apparition d’IgM et/ou d’IgA confirmée par deux prélèvements et sur l’élévation des IgG à deux prélèvements successifs. Il est donc nécessaire demander un second examen 3 semaines après le premier, un taux stable d’IgG permettant de penser que la contamination a eu lieu au moins 2 mois avant le premier tandis que l’augmentation significative du titre d’IgG est en faveur du caractère évolutif de la toxoplasmose. Il est possible également detitrer des IgG spécifiques les unes précoces les autres tardives reconnues par des méthodes mettant en œuvre des antigènes différents (par exemple en « agglutination haute sensibilité » pour les IgG tardives).

L’indice d’activité peut également contribuer à dater l’infection. La présence simultanée d’IgG et d’IgM montre qu’elle date de moins d’un an. Si l’indice d’activité est élevé, elle date probablement de plus de3 mois. S’il est bas, elle a toute chance d’être récente.

Le diagnostic anténatal de toxoplasmose in uterorepose sur la recherche du toxoplasme par PCR, inoculation à la souris, ou culture cellulaire, dans le liquide amniotique prélevé par amniocentèse (éventuellement dans un prélèvement de sang fœtal). Le prélèvement ne doit pas être fait avant la 20e SA, et doit être pratiqué au moins 6 semaines après la date de la contamination maternelle si celle-ci peut-être identifiée.

Toxoplasmose congénitale

À la naissance, Toxoplasma gondii est recherché dans le placenta, le sang du cordon ou celui de l’enfant par PCR et inoculationà la souris. Des IgM sont décelées dans le sang du cordon dans 80 % des cas. Le titre d’IgG de l’enfant est le même que celui de sa mère (les IgG passent la barrière placentaire).

Toxoplasmose et immunodépression

La toxoplasmose cérébrale qui était fréquente au cours du sida est plus rare aujourd’hui. Son diagnostic repose sur l’existence de signes neurologiques en foyers, sur les images en cocardes au scanner et sur une évolution favorable après traitement spécifique. Mais les variations du titre des anticorps ne concourent pas à ce diagnostic ; les IgM sont le plus souvent absentes et les IgG n’augmentent pas de façon significative.

Aussi le diagnostic est-il porté sur la détection de Toxoplasma gondiipar PCR dans le sang, le LCR, ou un lavage broncho-alvéolaire.


Publié initialement le : mercredi 09 octobre 2013
A propos de l'auteur

Le Dr. Abdelouaheb Farhi est le rédacteur en chef du site comment guérir depuis 2008, il est médecin spécialiste en anesthésie réanimation.