Les cellules tumorales circulantes associées à un mauvais pronostic du cancer du sein

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Les cellules tumorales circulantes sont liés à un haut risque de récidive et diminuent l’espérance de vie dans le cancer du sein.

Des chercheurs Français rapportent que les femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique, qui n’ont pas de cellules tumorales circulantes dans le sang après la première phase de traitement, vivent plus longtemps que celles qui en ont.

Les cellules tumorales circulantes, ou CTC, sont des cellules qui se détachent d’une tumeur et passent dans le sang. Ces cellules peuvent migrer vers d’autres organes et établir de nouvelles tumeurs.

Plusieurs études ont montré que des niveaux plus élevés de CTC sont associés à un risque accru de récidive et de décès avec des métastases du cancer du sein.

 »Cette nouvelle étude qui a etudié le sujet est la plus importante , et les CTC donnent un pronostic, même après la prise en compte d’autres marqueurs » dit Jean-Yves Pierga, professeur au département d’oncologie médicale à l’Institut Curie et à l’Université Paris Descartes.

 »L’étude suggère également que les CTC peuvent être utilisées pour vérifier si une femme réagit bien au traitement » ajoute Jean-Yves Pierga.

Le Pr Pierga a fait état des résultats lors du congrès annuel du San Antonio Breast Cancer Symposium.

Les cellules tumorales circulantes prédisent la progression du cancer du sein

L’étude a porté sur 267 femmes dont le cancer s’était propagé à d’autres parties de leur corps (métastases) et qui ont été traitées par chimiothérapie, avec ou sans le Avastin* (association à une chimiothérapie à base de fluoropyrimidine), pour la première fois.

Avant le traitement, deux tiers des femmes avaient une ou plusieurs CTC, 44% d’entre elles avaient au moins cinq CTC.

Après deux ans, le cancer avait progressé d’environ 95% chez les patientes qui avaient cinq CTC ou plus, alors que ce chiffre était de 70% chez celles qui n’en avaient pas ou qui en avaient peu.

Sous un autre angle, les femmes avec cinq CTC ou plus ont été 90% plus susceptibles de voir leur cancer s’aggraver et près de deux fois et demi plus susceptibles de mourir, même après la prise en compte d’autres marqueurs tumoraux.

Ensuite, les chercheurs ont étudié les taux de CCT des femmes après leur première série de traitement. A deux ans, le cancer avait progressé d’environ 70% chez les personnes ayant moins de cinq CTC, mais dans la totalité de ceux qui avaient plus de CTC. Plus de 90% des personnes ayant moins de cinq CTC étaient encore en vie. En comparaison, moins de la moitié des femmes avec plus de CTC étaient encore en vie.

L’étude a également montré qu’après trois cycles de traitement, les CTC ont plus chuté chez les femmes qui ont reçu Avastin* et une chimiothérapie, que chez celles qui on reçue une simple chimiothérapie.

Les médecins divisés à propos de l’utilité de l’analyse des CTC

Pourtant, les médecins semblent divisés sur la question de l’utilité de cette analyse.

Alison T. Stopeck, directrice du programme clinique du cancer du sein au Centre du cancer Arizona à Tucson, dit qu’elle n’utilise pas du tout l’analyse des CCT.

«Le plus souvent, je sais laquelle de mes patientes ayant un cancer du sein métastatique sont en progression rien qu’en les examinant » dit-elle.

 »En plus un nombre élevé de CTC ne fournit aucune information sur le type de traitement qui peut aider » ajoute Stopeck.

Minetta Liu, directrice de la recherche translationnelle sur le cancer du sein à Georgetown Lombardi Comprehensive Cancer Center à Washington DC, pense que cet examen est très utile.

«J’utilise tous les outils que je peux avoir » déclare Minetta Liu.  »Dans certains cas, le fait de savoir qu’une femme n’a pas de CTC lui permet de reporter des examens d’imagerie très couteux pour suivre la progression du cancer » explique Liu.

Cancer du sein précoce

Lors du même congrès, des chercheurs américains ont indiqué qu’avoir ne serait ce qu’une seule CCT dans le sang augmente le risque de récidive et de décès chez les femmes atteintes de cancer du sein à un stade précoce.

L’étude a porté sur 2.000 femmes atteintes d’un cancer au stade de début, près d’un quart d’entre elles avaient des CTC dans leur sang.

 »Après trois ans, environ 5% de celles qui n’ont pas de CTC ont rechuté, contre environ 85% de celles en avaient. Environ 96% des patientes sans CTC et 93% des patientes avec CTC étaient encore vivantes » explique Brigitte Rack, chef du département d’oncologie gynécologique à l’hôpital des femmes à l’Université de Munich, en Allemagne.

« Nous n’avons pas de marqueurs pronostics ou pour nous dire si un traitement est efficace » dit Rack. «Si nous avions un marqueur précoce, il pourrait nous aider à voir si un traitement différent peut-être meilleur. »

Pourtant, Rack et Liu expliquent que les analyses de la CCT ne sont pas prêtes en pratique pour être utilisées chez les femmes atteintes d’un cancer du sein précoce.

« Nous ne savons pas quelles sont les options à offrir, si une femme n’a pas de CTC, » dit Rack.

Plusieurs études cherchant à savoir si l’analyse de la CCT peut améliorer la survie dans le cancer du sein au stade précoce sont en cours en Europe et aux Etats-Unis.

Cette étude a été présentée lors d’une conférence médicale. Les résultats devraient être considérés comme préliminaires car ils n’ont pas encore fait l’objet  »d’examen par les pairs», dans lequel des experts extérieurs examinent les données avant leur publication dans une revue médicale.


Publié initialement le : lundi 13 décembre 2010
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