Immunoglobulines
Le sérum normal contient 12 à 18 g/L d’immunoglobulines (Ig), qui correspondent à la multitude d’anticorps susceptibles de réagir contre les antigènes rencontrés au cours de la vie.
Elles sont composées de deux chaînes lourdes identiques appartenant à l’une des cinq classes (ou isotypes) alpha, mu, gamma, epsilon, delta qui définissent la classe de l’Ig, et de deux chaînes légères identiques, soit kappa, soit lambda, qui définissent le typede l’Ig.
Sécrétées par les cellules B, les immunoglobulines du sérum sont les produits d’une multitude de clones. (Un clone désigne toutes les cellules issues des divisions successives d’un même lymphocyte ayant acquis une spécificité immunologique.)
Lorsque, sous des influences diverses, la production de plusieurs d’entre eux est stimulée, il se forme une hypergammaglobulinémie polyclonale. Il arrive aussi qu’un seul clone prolifère : immunoglobuline monoclonale.
Valeurs usuelles dans le sérum
(On peut aussi doser les immunoglobulines dans la plupart des liquides biologiques, les sécrétions, les épanchements.)
Adulte
- IgG : 8 à 16 g/L.
- IgA : 1 à 4 g/L.
- IgM : 0,5 à 2 g/L.
L’IgE est présente en concentration inférieure au mg/L ; l’IgD est pratiquement absente du sérum.
Enfant
Le nouveau-né à un taux d’IgG identique à celui d’un adulte (ses IgG sont d’origine maternelle). Il a des taux très faibles d’IgM et d’IgA produites par son propre système lymphoïde. Les IgG disparaissent progressivement, et à 3þmois un nourrisson n’a plus d’IgG. Le taux des IgG de l’adulte n’est à nouveau atteint chez l’enfant que vers 3 ans ; celui des IgA vers 8 ans ; celui des IgM à la fin de la 1re année.
Clinique
Immunoglobulines monoclonales
Elles sont dues à la prolifération d’un clone produisant un anticorps en quantités abondantes au point que cette immunoglobuline devient individualisable sous la forme d’un pic étroit dans la zone bêta ou gamma à l’électrophorèse. Les clones produisent en même temps des chaînes légères libres monoclonales qui passent dans les urines, constituant la protéinurie de Bence Jones.
Myélome multiple
Le myélome multiple est une prolifération maligne d’un clone plasmocytaire. Ces cellules produisent une immunoglobuline complète de classe IgG dans la majorité des cas (60 %) ou IgA (20 %) ou incomplète sous forme de chaînes légères qui passent dans les urines (15 %).
Il se révèle par des douleurs osseuses rebelles et insomniantes. Les radiographies montrent des géodes multiples ou une déminéralisation diffuse. La prolifération plasmocytaire est reconnue par le myélogramme (avec caryotype) qui montre une infiltration de la moelle osseuse par des plasmocytes dystrophiques, supérieure à 10 % (critère mineur) ou à 30 % (critère majeur). Les autres immunoglobulines sont diminuées.
Le dosage de l’Ig monoclonale concourt au pronostic :
- un pic d’IgA inférieur à 30 g/L, un pic d’IgG inférieur à 50 g/L, une protéinurie de Bence Jones inférieure à 4 g/24 h permettent de classer un myélome « stade I » ;
- un pic d’IgA supérieur à 50 g/L, un pic d’IgG supérieur à 70 g/L, une protéinurie de Bence Jones supérieure à 12 g/24 h le classent « stade III ».
Les immunoglobulines sont à l’origine de complications. En raison de leur agrégabilité, elles peuvent provoquer un syndrome d’hyperviscosité sanguine nécessitant un traitement d’urgence, surtout les IgA ou les IgG lorsqu’elles sont très abondantes.
Leurs chaînes légères peuvent se déposer dans les tissus pour y former de la substance amyloïde, provoquer une insuffisance rénale par précipitation intratubulaire.
Maladie de Waldenström
Cette maladie de l’homme de 50 à 70 ans, « intermédiaire entre LLC et myélome », se révèle par une accélération isolée de la VS > 100 mm ou une anémie hémolytique à agglutinines froides, des hémorragies cutanéomuqueuses, un syndrome d’hyperviscosité sanguine, une neuropathie.
Elle est due à une prolifération lymphoplasmocytaire, ganglionnaire splénique et médullaire, qui produit une Ig monoclonale de type IgM à une concentration sérique dépassant habituellement 10 g/L. Cette IgM est le plus souvent à chaînes légères kappa. Le diagnostic est assuré par le myélogramme qui montre une prolifération lymphoplasmocytaire B et l’immunofixationqui met en évidence l’IgM monolonale.
Immunoglobulines monoclonales dites bénignes
La présence d’une immunoglobuline monoclonale n’est pas synonyme de malignité du clone lymphocytaire. La plus grande sensibilité des méthodes de détection actuelles a multiplié les découvertes d’immunoglobulines monoclonales « bénignes ».
Elles sont généralement peu augmentées (IgG < 20 g/L, IgA < 10 g/L). Les autres immunoglobulines polyclonales sériques sont normales ou peu diminuées.
Elles peuvent accompagner des connectivites, des hépatites chroniques. Le plus souvent elles sont isolées, chez des sujets âgés de plus de 50 ans dont la vitesse de sédimentation est élevée : « gammapathie monoclonale designification indéterminée » (GMSI).
La GMSI affecterait près de 3 % des plus de50 ans. Certaines se compliquent d’amylose, ou évoluent vers un myélome (ce risque serait d’environ 1 % par an).
Aucun marqueur prédictif de cette évolution n’avait été, jusqu’ici, identifié. Récemment, le rapport des chaînes légères libres kappa/Lambda (normalement compris ente 0,26 et 1,65) a été proposé comme facteur de risque indépendant.
Propriétés de certaines immunoglobulines monoclonales
Une IgG monoclonale peut :
- être cryoprécipitable (voir page 115 Cryoglobulines) ;
- avoir une activité anticorps dirigée contre l’antigène I des érythrocytes;
- reconnaître des antigènes phospholipidiques ;
- avoir une activité antimyéline et provoquer une neuropathie périphérique (c’est le cas dans le myélome).
Publié initialement le : lundi 02 septembre 2013
Bonjour, Mon mari a un pic monoclonal depuis des années, mais après l’ablation partielle d’un rein en 2011, (tumeur cancéreuse), le néphrologue vient de faire des recherches plus poussées sur ce pic et le résultat diagnostique une immunoglobuline monocale de type IgA Kappa ??? Qu’est ce que c’est ???? Que risque t il ?
Merci de me répondre.
Très cordialement.