Lavage broncho-alvéolaire (LBA)

Par
, Mise à jour le ,
image par default
image par default

Le lavage broncho-alvéolaire a pour objet de recueillir des cellules, des protéines, des agents infectieux, des particules minérales, susceptibles de se trouver dans les alvéoles pulmonaires. C’est une sorte de « biopsie biologique » très utilisée en pneumologie.

Technique

Le lavage broncho-alvéolaire s’effectue au cours d’une fibroscopie bronchique.

De 100 à 300 mL de sérum physiologique stérile et tiède sont injectés par fractions de 20 à 50 mL, dans une bronche segmentaire ou sous-segmentaire. Le liquide est ensuite récupéré par aspiration douce et recueilli sur des tubes plastiques siliconés stériles.

Après centrifugation, le culot cellulaire est examiné ; les cellules sont comptées et identifiées et, si nécessaire, une étude microbiologique est réalisée. Des particules inorganiques peuvent être recherchées en microscopie optique et électronique (corps asbestosiques, particules minérales fibreuses et non fibreuses). Dans le surnageant peuvent être éventuellement dosés l’albumine les immunoglobulines, des enzymes, des marqueurs tumoraux, etc.

Contre-indications

Le LBA entraîne une chute transitoire du VEMS et du débit expiratoire de pointe. Il provoque une hypoxie modérée.

Il est de règle de s’abstenir de cet examen chez les patients ayant :

  • un VEMS < 1 L ;
  • une PaO2 < 60 Torr ;
  • une PaCO2 >50 Torr;
  • ou souffrant d’insuffisance cardiaque.

L’existence d’une bronchite aiguë n’est pas gênante, mais elle rend ininterprétables les résultats obtenus. L’examen doit donc être différé.

Valeurs usuelles

Le liquide recueilli est normalement clair. Il est brunâtre chez les fumeurs, hémorragique au cours  des hémosidéroses, lactescent en cas de protéinose alvéolaire.

Cellularité

50000 à 200000 cellules/mL dont 80 à 90 % de macrophages :

  • 5 à 10 % de lymphocytes ;
  • <3% de neutrocytes;
  • <1% d’éosinophiles;
  • < 5 % de cellules bronchiques (sinon il s’agit d’une contamination bronchique rendant le LBA ininterprétable).

Un liquide à la cellularité très augmentée (> 500 000) mais sans modification des proportions (85 % de macrophages, 15 % de lymphocytes) témoigne d’un tabagisme.

Biochimie (résultats à interpréter avec prudence)

  • Albumine : 20 mg/L.
  • Immunoglobulines :
  • IgG : 2,5 à 10 mg/L ;
  • IgA : 2,5 à 5 mg/L ;
  • IgM : 100 μg/L.
  • Transferrine : 0,4 μg/mL.
  • Lipides du surfactant : polaires 60 à 80 μg/mL, non polaires 40 à 50 μg/mL.

Clinique

Infections pulmonaires

Dans la pathologie infectieuse des immunodéprimés, l’examen microscopique après cytocentrifugation permet de reconnaître des bactéries, des filaments mycéliens témoignant d’une aspergillose, des cellules à inclusions témoignant d’une atteinte à CMV, ou Pneumocystis jiroveci(anciennement carinii), agent de la pneumocystose.

La culture, éventuellement la PCR en détectant des bactéries, permet de reconnaître l’agent causal d’une pneumonie. Un antibiogramme est pratiqué lorsque le nombre d’unités formant colonies (UFC) est > 104 /mL.

Asbestoses

Le LBA permet de détecter la présence de corps asbestosiques (CA), formations jaunâtres en haltère contenant des fibres d’amiante. La présence d’un CA/mL traduit une exposition à l’amiante et impose une déclaration de maladie professionnelle.

Pneumopathies infiltrantes diffuses

Le LBA apporte de précieux éléments d’orientation lors du diagnostic d’une pneumopathie infiltrante diffuse. Ce terme regroupe des entités très nombreuses. Trois sont fréquentes : la sarcoïdose, la fibrose pulmonaire idiopathique et les connectivites respiratoires qui représentent, à elles trois, la moitié des cas. Le LBA permet de distinguer, en fonction des modifications de la cellularité, plusieurs types d’alvéolites et de leur rattacher les principales pneumopathies infiltratives selon le schéma suivant.

Principales alvéolites

Alvéolites

lymphocytaires

– Sarcoïdose (CD4)

– Pneumopathie d’hypersensibilité (CD8)

– Silicose

– Pneumonie médicamenteuse

– Pneumonie interstitielle lymphoïde

Alvéolites à neutrophiles – Fibrose pulmonaire idiopathique

– Connectivites (PR, Sharp, sclérodermie, myosites)

– Asbestose, sidérose

– Pneumonie iatrogène

Alvéolites à éosinophiles – Churg et Strauss

– Maladie de Carrington

– Médicaments

Alvéolites panachées – Histiocytose pulmonaire langerhansienne de l’adulte

– Tuberculose

 

Un liquide de lavage riche en lymphocytes (plus de 10 %, souvent 20 ou 30 %) témoignant d’une alvéolite lymphocytaire fait discuter d’abord une sarcoïdose surtout s’il existe une augmentation du rapport CD4/CD8 > 2, plus rarement une pneumopathie d’hypersensibilité (maladie des éleveurs d’oiseaux, poumon du fermier) si l’augmentation des lymphocytes porte sur les CD8 avec un rapport CD4/CD8 < 2.

Un liquide riche en polynucléaires (plus de 5 % de neutrocytes) témoignant d’une alvéolite neutrophile évoque avant tout une fibrose pulmonaire idiopathique ou une pneumopathie infiltrante diffuse associée aux connectivites (sclérodermie et myosites surtout, mais aussi, polyarthrite rhumatoïde, Sharp, etc.).

Une alvéolite éosinophile, reconnue sur la présence de plus de 2 % d’éosinophiles (souvent 20 voire 50 %), évoque une angéite de Churg et Strauss, une pneumopathie chronique à éosinophiles (maladie de Carrington).

Une cellularité importante (reflétant le tabagisme des patients) avec en outre augmentation du pourcentage des neutrophiles, des éosinophiles et des lymphocytes (« alvéolite panachée ») suggère le diagnostic d’histiocytose pulmonaire langerhansienne de l’adulte que confirme la présence de cellules de Langerhans dont plus de 5 % sont CD1a+ lorsqu’elles sont marquées par les anticorps anti-CD1.


Publié initialement le : mardi 10 septembre 2013
A propos de l'auteur

Le Dr. Abdelouaheb Farhi est le rédacteur en chef du site comment guérir depuis 2008, il est médecin spécialiste en anesthésie réanimation.